Le blog de GERARD BOHNER
Gérard Bohner : 77 ans, ingénieur retraité du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), dernier livre : "Quelle évolution énergétique pour préserver l'humanité ?".

22 avril 2025
Questions sur le réarmement face à la menace russe
L’arrivée à la Maison Blanche, d'un oligarque d’extrême droite, rebat beaucoup de cartes, économiquement, militairement, juridiqiuement, sanitairement. Le monde de l’après guerre 39/45 est mort, un autre nait. L'Union européenne, la France, les pays d'Europe qui vivaient avec la protection de l'OTAN et des USA sont confrontés à la question d'un renforcement de leur puissance militaire. Ce que les gouvernements et directions traduisent, quelque peu rapidement, en réarmement.
J'ai eu donc envie de vous livrer quelques réflexions sur les questions de défense... Pas tout à fait abouties pour le moment.
UN. La Russie est une menace pour l'Europe, plus particulièrement les pays les plus à l'Est, mais pas que. Les raisons sont multiples et forment un faisceau de causes sérieuses pour des attaques importantes, amplifiées et certainement imminentes. Citons : L'histoire de la Russie qui a toujours rêvé d'expansionnisme, les nécessités de politiques intérieures pour perpétuer le régime
« Poutine », le soutien exprimé des USA de Trump au régime russe, ainsi que l'expression par ce dernier de son désintérêt pour l'Europe et ses pays... Notons que d'ors et déjà des attaques sont menées par Poutine sur tous les pays d'Europe, pas militaires, pas sur le sol, mais par voie de presse, de réseaux sociaux, de soutiens financiers à des forces, par des ingérences électorales etc.
DEUX. Le soutien des USA aux pays d'Europe est remis en cause de manière plus significative que dans la période précédente. Certes, depuis le quelque temps l'administration des USA considère que son adversaire principale est maintenant la Chine, que l'attachement à une zone « démocratique » n'a plus grand sens. Mais avec Trump la ligne est affirmée et amplifiée ; des appréciations négatives sont maintenant employées telle l'intervention de J.D. Vance à Munich. Il est devenu illusoire de se reposer sur une aide des Etats-Unis en cas d'attaque plus profonde sur le sol européen, il convient même de s'interroger sur l’usage qu’ils peuvent faire des possibilités dont ils disposent pour mettre hors service des armes européennes lorsqu’elles incluent quelques composants fabriqués aux USA, ce qui est souvent le cas.
TROIS. Les courants pacifistes ne réalisent pas que nous ne sommes pas dans le cas « d’une guerre entre-impérialismes » mais dans la lutte contre un régime autoritaire fascisant. La résistance est à l’orde du jour et non la capitulation type Munich ou la collaboration type Pétain. L’Europe n’est pas prête, encore moins un de ses pays !
Le gouvernement français et la directions européenne n’ont plus que le réarmement en tête. Mais je considère que Ie renforcement militaire ne se limite pas à celui de l'armement. La question même de la nécessité de renforcer l'armement fait débat. S'il ne s'agit que de se prémunir contre la menace russe, certains experts jugent même l'armement existant dans l'ensemble des pays du continent comme supérieur à l'armement dont dispose Poutine. Ce n'est pas parce que le renforcement en armes est source de profits et porté par des lobbies puissants qu'il ne faut considérer que celui-ci. La question du renforcement militaire implique bien d'autres secteurs.
Premièrement la définition d'une orientation stratégique et d'un commandement cohérent.
Deuxièmement la normalisation européenne pour qu’il puisse être utilisé (d’où la question du débat sur la norme à définir !). Troisièmement la protection de cet armement contre toute ingérence extérieur ce qui nécessite un souci de contrôle au niveau national et européen.
Quatrièmement un soutien populaire qui implique de faire exister l'Europe comme réalité désirable par les populations, nous en sommes très loin.
Et enfin il convient de se poser la question de l'homogénéité politique de tous les pays sur cette question, ce qui est loin d'être le cas ; quid de l'Italie ou de la Hongrie par exemple ?
La question de l’urgence est posée, l’Europe est-elle prête ? Il n’est pas inconvenant d’estimer qu’elle ne l’est pas et au contraire de bonne politique de considérer qu’elle ne le sera pas dans les délais !
QUATRE. La question du cadre pertinent est ainsi posée et ne peut attendre des jours meilleurs. Dans le précédent édito je pariais sur une construction européenne plus démocratique et sociale. Certes, cela semble nécessaire. L’analyse concrète de la situation indique que ce n’est pas suffisant. Un débat urgent est indispensable à gauche pour l’admettre et agir en conséquence.
La définition d’un autre cadre pour répondre à la menace guerrière de la Russie me parait à l’orde du jour. Sans doute une alliance indépendante des USA, capable d’être un rempart face aux menaces de fascisation. On peut commencer à en dessiner les contours, certains pays de l’UE, comme l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Portugal, le Danemark, la Finlande et la Suède… Mais aussi la Grande Bretagne, l’Ukraine. Et hors d’Europe en Afrique ou en Amérique latine. Il faut, me semble-t-il, initier une démarche et une méthode en commençant à dessiner un cahier des charges (je pense par exemple à dégager l’armement nucléaire de la Grande Bretagne du contrôle des USA).
CINQ et pour conclure. Et l’UE dans tout ça ? Il est clair qu’elle est fragile en elle-même, que les USA comme la Russie jouent sa division et agissent en ce sens. On ne peut exclure qu’elle ne résiste pas aux tempêtes qui sont devant nous. Sa capacité de résistance tient en ses possibilités à se réformer pour plus d’existence politique, plus attractivité pour ses peuples en se transformant en pole social et écologique. Voeux pieux, sans doute, mais parfois les nécessités entrainent de profondes évolutions.
OUPS, encore un mot. Trump a lancé la guerre économique au top niveau et sans frein. Des questions semblables à celles sur la défense se posent...
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